Le parc du Désert est à mon sens un des plus beaux lieux verts de Lausanne. Après bien des années passées dans le voisinage, je découvre pour la première fois cet endroit féérique. L'aurais-je vu du même oeil il y a vingt ans? Rien n'est moins sûr!
Pour l'heure, aucun mot suffisamment puissant n'existe dans la langue française pour décrire toute l'émotion que m'a procuré cette visite. Jugez-en par vous-même!
Avant de partir, pensez à emmener amis, parents, enfants, chiens, chats, poissons rouges et grenouilles. Chacun trouvera une place où il se sent vraiment bien.
La ferme et la maison de maître
Descendons du bus et longeons le chemin de Pierrefleur jusqu'au n°74 (d'est en ouest). Sur notre droite, se trouvent la ferme du domaine et la maison de maître.
Longeons le chemin qui passe devant la ferme, devenue restaurant, et menant à la maison de maître (ici en réfection). Nous nous trouvons devant l'entrée sud du parc.
Bienvenue aux portes du Paradis !
Ici, les odeurs de bois, d'herbes humides se mêlent aux senteurs de tilleuls en fleur. Le bruit de la ville fait place à la musique du vent, ébouriffant les feuillages et donnant le La aux batraciens.
A peine entrés, le jardin de plaisance nous réserve bon accueil. D'ici on peut admirer le Jura et une partie du lac. (Manque de chance, ce jour-là il y avait de la brume!)
Le jardin potager a été aménagé par Louis-Arnold Juste de Constant. Construit en un rectangle parfait, il est agrémenté d'un bassin circulaire. Les haies le protègent du vent du nord et lui confèrent un microclimat.
Ce potager alimentait la table des "seigneurs", maîtres du logis, alors que les fermiers cultivaient pour leur propre table, un autre jardin, devant la ferme.
Aujourd'hui, la ville lui a rendu sa vocation première: un "plantage" destiné au public. Il est loué par petites parcelles aux habitants des immeubles voisins.
Sortons du jardin et poursuivons notre chemin.
Nous arrivons au canal.
Le canal a été construit par Louis-Arnold Juste de Constant, inspiré par son séjour aux Pays-Bas. La légende raconte que son épouse hollandaise était nostalgique de son pays et de ses canaux.
Cette pièce d'eau est unique en Suisse, de part ses dimensions généreuses: 140m x 6m pour 1,10m de profondeur.
Aujourd'hui, elle sert de biotope aux grenouilles, crapauds, tritons et poissons qui ont réapparus après les travaux de restauration entamés en 1998 par la ville.
Longeons le canal et montons à l'allée des tilleuls.
Elle représente probablement l'élément le plus ancien du jardin. On retrouve les plantations rectilignes des arbres sur un plan de 1771.
Parallèle au canal, l'allée est une promenade de plaisance, non carrossable.
Elle s'achève aux deux extrémités par des cabinets de verdures formés de deux platanes et d'un banc entourés d'une haie de charmilles.
Les vieux tilleuls sont âgés d'environ 210 à 220 ans et sont remplacés par de jeunes spécimens de la même essence, lorsque l'un d'entre eux doit être abattu.
Poursuivons notre chemin. Nous quittons la propriété pour passer dans la partie "campagne" du domaine.
Une forêt délimite la frontière entre la propriété et la campagne.
Nous nous engageons sur de petits sentiers. Le choix peut-être multiple, mais comme tous les chemins mènent à Rome, impossible de se tromper.
Au détour des chemins, les artistes-bûcherons ont façonné des sculptures sur souche à la tronçonneuse.
Si, comme moi, vous allez aux morilles depuis plus de 20 ans sans jamais en trouver une seule, celle-ci vous ravira certainement...
Sortons du bois. En quelques centaines de mètres, nous nous retrouvons à la campagne.
Le champ à vaches au pied du building de béton m'a tout de suite saisi et ramené à la réalité. Nous sommes bien en ville!
Au pied d'un bâtiment administratif qui sert de lieu d'entraînement aux pompiers de Lausanne, le corbeau et le renard nous rejouent en direct la fable. Il manque toutefois un détail. A vous de trouver...
Le renard et la vache sont là aussi....
Une vue de ce petit monde réuni.
La maison administrative...
... sa cascade...
... et son petit canal.
Vue depuis la terrasse du bâtiment.
Redescendons. Nous arrivons bientôt au terme de la balade.
Quelle est donc cette étrange bâtisse néo-gothique sise à côté de la maison de maître? Une maison de poupée ? Je vous laisse un instant de réflexion...
Pas trouvé?
Ceci, Messieurs Dames est un poulailler. Bienheureuses les poules de ce temps-là!
Construits par Alexandre Perregaux dans les années romantiques du jardin à l'anglaise, le poulailler (ou bassecour) et sa tour formaient le point de départ d'un système de sentiers de promenades pittoresques dans le coteau boisé. Un alignement d'érables sycomores, menait à un ermitage.
La tourelle du poulailler compte parmi les premières réalisations néo-gothiques de notre région et figure parmi les rares exemples subsistant.
Nous voici arrivés à nouveau à la maison de maître. Actuellement en réfection, un bazar magnifique règne dans la cour.
Un panneau pour le moins insolite attire mon regard.
Oui, vous avez bien lu: "Jésus condamne les 4 x 4", signé les Bikers de l'Evangile... Qu'on se le dise !
Quand je vous disais que nous, Lausannois, avons un petit vélo dans la tête...
Un peu d'histoire
De la fin du XIIIe siècle jusqu'en 1461, la ville de Lausanne construit à l'emplacement actuel du Désert une léproserie appelée la "Maladière d'Epesses"
De 1553 à 1774, le site voit se succéder plusieurs propriétaires.
En 1754, la propriété est achtée par Louis Arnold Juste de Constant de Rebecque (1726-1812), officier de carrière au service des Pays-Bas et père de Benjamin Constant (1757-1830). L'écrivain y passera une grande partie de son enfance.
Le style "baroque tardif" des aménagements a été créé entre 1771 et 1782 par des architectes sans grande renommée.
En 1782, la propriété est baptisée "campagne du Désert". Le courant romantique de l'époque et la mode voulaient que l'on appelle "Ermitage", "Hermitage", "Solitude" ou "Désert" les parcs ou les campagnes situés aux confins de la ville.
En 1989, la ville de Lausanne acquiert le domaine et entreprend d'importants travaux de rénovation du site. A l'aube de l'an 2000, le parc sera classé monument historique.
Voir toutes les photos du parc en diaporama
Comment y aller?
- Bus n° 2, destination Le Désert, arrêt terminus
- Plan
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